Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/81

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prendre terre. Et nommoyt on ces chevaulx desultoyres, & de chascun cousté la lance on poing monter sans estrivière, et sans bride guyder le cheval à son plaisir. Car telles choses servent à discipline militaire. Un aultre iour se exerceoit à la hasche. Laquelle tant bien coulloyt : tant vertement de tous pics reserroyt, tant soupplement avalloyt en taille ronde, qu’il feut passé chevalier d’armes en campaigne, & en tous essays. Puis bransloyt la picque, sacquoyt de l’espée à deux mains, de l’espée bastarde, de l’espagnole, de la dague & du poignart, armé, non armé, au boucler, à la cappe, à la rondelle. Couroyt le cerf, le chevreuil, le daim, le sanglier, le livre, la perdrys, le faisant, l’otarde. Iouer à la grosse balle, & la faisoyt Bondir en l’air autant du pied, que du poing. Luctoyt courroyt saultoyt, non à troys pas un sault non à clochepied, non au sault d’alement. Car (disoyt Gymnaste) telz saulx sont inutiles, & de nul bien en guerre Mays d’un sault persoyt un foussé, volloit sus une haye montoyt six pas encontre une muraille & rempoyt en ceste faczon à une fenestre de la hauteur d’une lance. Nageoyt en parfonde eau, à l’endroict, à l’envers, de cousté, de tout le corps, des seulz pieds, une main en l’air, en laquelle tenant un livre transpassoyt toute la rivière de Loyre à Montsoreau sans le mouiller & tyrant par