Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/82

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les dens son manteau, comme faisoyt Iules Cesar, puis d’une main entroyt en grande force en un basteau : d’icelluy se gettoyt derechief en l’eau la teste la première, sondoyt le parfond, creuzoyt les rochiers & gouffres de la fosse de Savigny. Puis ycelluy basteau il tournoyt/ gouvernoyt/ menoyt hastivement lentement, à fil d’eau contre cours, le retenoyt en plene escluse, d’une main le guidoyt, de l’aultre s’escrymoyt avecq un grand aviron, tendoyt le vèle, montoyt au matz apr les traictz, couroyt sus les brancquars, adiustoyt la boussole, contreventoyt les boulines, bendoyt le gouvernail. Issant de l’eau roydement montoyt encontre la montaigne, & devalloyt aussé franchement, gravoyt es arbres comme un chat, saultoyt de l’une en l’aultre comme un escureuil, abastoyt les gros rameaux comme un aultre Milo : avec deux poignars asserez & deux poinssons esprovez, montoyt au hault d’une maison comme un rat, descendoyt puys du hault en bas en telle composition des membres, que de la cheute n’estoit aulcunement grevé. Iectoyt le dart, la barre, la pierre, la iaveline, l’espieu, la halebarde, enfonceoyt l’arc, bandoyt es reins les fortes arbalestes de passe, visoyt de l’harquebouse à l’œil affeustoyt le canon, tyroit à la butte, au papagay du bas en mont, d’amont en val, davant, de costé, et en arrière, comme les Par-