Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/289

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diray mon opinion, sans fiction ny dissimulation quelconques.

À quoy aulcuns d’entre eux contredisoient, comme vous sçavez que en toutes compaignies il y a plus de folz que de saiges et la plus grande partie surmonte tousjours la meilleure, ainsi que dict Tite Live parlant des Cartagiens. Mais ledict du Douhet tint au contraire virilement, contendent que Pantagruel avoit bien dict, que ces registres, enquestes, replicques, reproches, salvations et aultres telles diableries n’estoient que subversions de droict et allongement de procès, et que le diable les emporteroit tous s’ilz ne procedoient aultrement, selon equité evangelicque et philosophicque.

Somme, tous les papiers furent bruslez, et les deux gentilzhommes personnellement convocquez. Et lors Pantagruel leur dist :

Estez vous ceulx qui avez ce grand different ensemble ?

Ouy (dirent ilz), Monsieur.

Lequel de vous est demandeur ?

C’est moy, dist le seigneur de Baisecul.

Or, mon amy, contez moy de poinct en poinct vostre affaire selon la verité ; car, par le corps bleu, si vous en mentés d’un mot, je vous osteray la teste de dessus les espaules et vous monstreray que en justice et jugement l’on ne doibt dire que verité. Par ce, donnez vous garde de adjouster ny diminuer au narré de vostre cas. Dictes.