Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/327

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qu’on nomme Philosophes, ne les laisse dormir ny reposer à leur ayse, tant les stimule & embrase de acourir au lieu, & veoir la personne, en qui est dicte science avoir estably son temple, et depromer les oracles. Comme il nous feut manifestement demonstré en la Reyne de Saba, qui vint des limites d’Orient & mer Persicque pour veoir l’ordre de la maison du saige Salomon & ouyr sa sapience. En Anacharsis qui de Scythie alla iusques en Athenes pour veoir Solon. En Pythagoras, qui visita les Vaticinateurs Memphiticques. En Platon qui visita les Mages de Egypte & Architas de Tarente, & en Apollonius Tyraneus qui alla iusques au mont Caucasus, passa les Scythes, les Massagetes, les Indiens, transfeta le vaste fleuve de Physon, iusques es Brachmanes, pour veoir Hiarchas. Et en Babyloine, Chaldée, Mede, Assyrie, Parthie, Syrie, Phoenice, Arabie, Palestine, Alexandrie, iusques en Ethiopie, pour veoir les Gymnosophistes.

Pareil exemple avons nous de Tite Live, pour lequel veoir et ouyr plusieurs gens studieux vindrent en Rome, des fins limitrophes de France & Hespaigne.

Je ne me ause pas recenser au nombre & ordre de ces gens tant parfaictz : mais bien ie veulx estre dit studieux, & amateur, non seulement des letres, mais aussi des gens letrez.

De faict ouyant le bruyt de ton sçavoir tant inestimable, ay delaissé pays, parens, maison, & me suis icy transporté, riens ne estimant la longueur du chemin, l’attediation de la mer, la nouveaulté des contrées, pour seullement te veoir, & conferer avecques toy d’aulcuns passaiges de Philosophie, de Magie, de Alkymie, & de Caballe, desquelz ie doubte, & ne m’en puis contenter mon esprit, lesquelz si tu me peulx souldre, ie me rens des à present ton esclave moy & toute