Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/347

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Rondeau.
Pour ceste foys, que à vous dame tres belle
Mon cas disoit, par trop feutes rebelle
De me chasser, sans espoir de retour :
Veu que à vous oncq ne feis austere tour
En dict ny faict, en soubson ny libelle.
Si tant à vous desplaisait ma querelle,
Vous povyez par vous sans maquerelle
Me dire, amy partez d’icy entour
Pour ceste foys.
Tort ne vous foys, si mon cueur vous decelle,
En remonstrant, comme l’ard l’etincelle
De la beaulté que couvre vostre atour :
Car riens ny quiers, sinon qu’en vostre tour
Me faciez dehait la combrecelle,
Pour ceste foys.

Et ainsi qu’elle ouvroit le papier pour veoir que c’estoit, Panurge promptement sema la drogue qu’il avoit sur elle en divers lieux et mesmement au repliz de ses manches et de la robbe, & puis luy dist. Ma dame, les pouvres amans ne sont pas tousiours à leur ayse. Quant est de moy iespere que les males nuycts, les travaulx & ennuytz, auxquelz me tient l’amour de vous, me seront en deduction d’autant des peines de purgatoire. À tout le moins priez dieu qu’il me doint mon mal en patience.

Panurge n’eut pas achevé ce mot, que tous les chiens qui estoient en l’esglise ne s’en vinssent à ceste dame pour l’odeur des drogues qu’il avoit espandues sur elle, petitz & grans, gros & menuz tous y venoient tirant le membre & la sentant & pissant partout sur elle : c’estoit la plus grande villanie du monde. Panurge les chassa