Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/387

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Melusine estoit souillarde de cuysine.
Matabrune lavandiere de buées.
Cleopatra revenderesse d’oignons.
Helene courratiere de chambrieres.
Semyramis espouilleresse de belistres.
Dido vendoit des mousserons.
Panthasilée estoit cressonniere.
Lucresse hospiraliere.
Hortensia filandiere.
Liuie racleresse de verdet.

En ceste façon ceulx qui avoient esté gros seigneurs en ce monde icy, gaingnoient leur pouvre meschante et paillarde vie là bas. Et au contraire les philosophes, et ceulx qui avoient esté indigens en ce monde, de par delà estoient gros seigneurs en leur tout. Ie veiz Diogenez qui se prelassoit en magnificence avec une grand robbe de pourpre, et ung sceptre : & faisoit enrager Alexandre le grand, quand il n’avoit pas bien repetassé les chausses, & le payoit en grans coups de baston. Ie veiz Epictete vestu gualentement à la françoyse, soubz vne belle ramee auecques force Damoizelles se rigolant, beuuant, dansant, faisant en tous cas grande chere, & aupres de luy force escuz au soleil. Au dessus de la treille estoint pour sa devise ces vers escriptz.

Saulter, dancer, faire les tours,
Et boyre vin blanc & vermeil :
Et ne faire rien tous les iours
Que compter escuz au soleil.

Lors quand me veit il me inuita à boire auecques luy courtoisement, ce que je feiz voluntiers, & chopinasmes theologalement. Ce pendent vint Cyre luy