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notice biographique sur rabelais

connue, et qui fournissait, il faut l’avouer, à un.faussaire une matière des plus tentantes.

La réponse de Budé (datée du 12 avril), constate en effet le vif désir de Rabelais d’arracher une lettre au célèbre helléniste. Comme dans sa correspondance avec Pierre Amy, Budé s’excuse de ses lenteurs sur ses nombreuses occupations. En style redondant et travaillé, il se plaint de l’embarras des affaires, de la sujétion où le retient la vie de cour. Il examine, conformément au droit romain, avec beaucoup de subtilité et un enjouement assez pédantesque, dans quelle forme Rabelais eût été fondé à intenter à Pierre Amy l’action dont il le menaçait.

Deux autres lettres de Budé nous restent à examiner ; ce sont les plus importantes ; elles nous apprennent quelques faits curieux, qui, par malheur, n’y sont pas racontés avec autant de détails que nous le souhaiterions.

La première, adressée à Pierre Amy, et datée du 23 février (probablement de l’année 1522), commence ex abrupto et suit très exactement les préceptes de la rhétorique, mais n’en est pas moins animée d’une vive et réelle émotion :

« Dieu protecteur de la communauté et de votre amitié, s’écrie-t-il, qu’ai-je entendu ? Vous, tête qui m’êtes si chère, et Rabelais, votre Thésée, tourmentés à cause de votre grand amour de la langue grecque, par vos frères acharnés contre le beau, vous subissez beaucoup d’indignes traitements. Ô sinistre démence de ces hommes !