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notice biographique sur rabelais

Cette dédicace (le plus ancien ouvrage de Rabelais) est écrite dans un latin facile et élégant, dont la précision et la fermeté incisive nous semblent très remarquables. Dans ce premier ouvrage, il se montre tel qu’il restera jusqu’à la fin, l’admirateur passionné de la Renaissance : « Tandis que votre connaissance du droit, dit-il à Tiraqueau, en est arrivée à un point qui ne laisse rien à désirer pour sa restauration, il est encore des gens à qui l’on ne peut tirer des mains leurs gloses barbares et surannées. Dans notre officine de médecine, qui cependant se nettoie de jour en jour, combien peu d’hommes cherchent à faire pour le mieux ! Une bonne chose du moins, c’est que dans presque toutes les classes on sent qu’il y a des gens qui passent pour médecins, et qui, si on les examine à fond, se trouvent vides de science, de bonne foi et de prudence, et tout remplis d’arrogance, d’envie et d’ordure. Ils font des expériences qui coûtent la vie aux malades, comme Pline le leur a reproché jadis ; et sont à redouter un peu plus que les maladies même. Maintenant les personnes de distinction tiennent en haute estime ceux que recommande leur attachement à la médecine ancienne et pure de toute erreur. Si ces opinions viennent à se fortifier et à se répandre, ces charlatans et ces affronteurs, qui de toute part ont appauvri les corps humains, seront bientôt réduits à la besace. »

Le parfait bon sens qui préserve Rabelais des préjugés de ses contemporains, les sarcasmes dont il poursuit les méthodes surannées et gothiques du passé, l’on fait con-