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xxiii
notice biographique sur rabelais

et qu’on en retranchât la dernière ligne, pourrait passer pour un fragment de Bossuet :

« Quelque chose que vous disent ces folz astrologues de Louain, de Nurnberg, de Tubinge, & de Lyon, ne croyez que ceste année y aie autre gouuerneur de l’vniuersel monde que Dieu le createur, lequel par sa diuine parole tout regist, & modere, par laquelle sont toutes choses en leur nature, & propriete, & condition : & sans la maintenance, & gouuernement duquel toutes choses seroient en vn moment reduictes a neant, comme de neant elles ont esté par luy produises en leur estre. Car de luy vient, en luy est, & par luy se parfaict tout estre, & tout bien : toute vie & mouuement, comme dict la trompette euangelicque mon seigneur sainct Paul Ro .xj. Doncques le gouuerneur de ceste année, & toutes autres selon nostre veridicque resolution sera Dieu tout puissant. Et n’aura Saturne, ne Mars, ne Iupiter, ne autre planete, certes non les anges, ny les saincts, ny les hommes, ny les diables, vertuz, efficace, ne influence aucunes, si Dieu de son bon plaifir ne leur donne. Comme dict Auicenne que les causes fecondes n’ont influence ne action aucune, si la cause premiere n’y influe. Dict-il pas vray, le petit bon hommet ? »

On sent que cette page est l’expression d’une conviction sincère. Quel intérêt eût eu Rabelais à faire ici parade d’un sentiment qu’il n’eût pas éprouvé ? Une profession de foi religieuse n’était pas exigible en tête d’un almanach et quelques bonnes prédictions l’eussent fait vendre à beaucoup plus d’exemplaires que ne pouvait