Page:Racan Tome I.djvu/223

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Si quelque liberté reste dans les courages,

C’est ta seule vertu qui lui sert de support.

Nos crimes trop frequents ont lassé le tonnerre ;
Le Ciel ne punit plus l’engeance de la terre,
Qui déja reproduit tant de monstres divers ;
Le destin absolu regne à sa fantaisie ;
Les dieux, dans leur Olympe enyvrez d’ambroisie,
Se déchargent sur lui du soin de l’univers.

Mais parmi tant d’ennuis dont l’envie enragée
Depuis un si long-temps a la France outragée,
Qu’elle est presque réduite à ployer sous le faix,
Certes le seul de tous qui nous est le plus rude
Est de voir que le siecle a trop d’ingratitude
Et ne reconnoist pas l’honneur que tu luy fais.

Pour moy, de qui l’enfance au malheur asservie
Surmonta les soucis qui menaçoient ma vie
Par l’excez des faveurs qu’elle receut de toy,
Ces obligations me rendent insolvable ;
Mais dois-je estre honteux d’estre ton redevable
Si la France à jamais l’est aussi bien que moy ?


LA VENUE DU PRINTEMPS.
À M. de Termes.
Ode.

Enfin, Termes, les ombrages
Reverdissent dans les bois,
L’hyver et tous ses orages
Sont en prison pour neuf mois ;
Enfin la neige et la glace