Fuyons donc ces grandeurs qu’insensez nous suivons,
Et, sans penser plus loin, joüissons de la vie
Tandis que nous l’avons.
Donnons quelque relasche à nos travaux passez ;
Ta valeur et mes vers ont eu du nom assez.
Dans le siecle où nous sommes,
Il faut aimer nostre aise, et, pour vivre contens,
Acquerir par raison ce qu’enfin tous les hommes
Acquierent par le temps.
Que te sert de chercher les tempestes de Mars,
Pour mourir tout en vie au milieu des hazards
Où la gloire te mene ?
Cette mort qui promet un si digne loyer
N’est toûjours que la mort qu’avecque moins de peine
L’on trouve en son foyer.
Que sert à ces galants ce pompeux appareil
Dont ils vont dans la lice ébloüir le soleil
Des trésors du Pactole ?
La gloire qui les suit aprés tant de travaux
Se passe en moindre temps que la poudre qui vole
Du pied de leurs chevaux1.
ques reflets de la philosophie d’Horace. Celle-ci surtout semble avoir été particulièrement inspirée par la 4e et la 9e du 1er livre :
Vides ut alta stet nive candidum
Soracte…, etc.
1. Voltaire cite ces deux strophes comme remarquablement belles ; mais, suivant un fort mauvais usage, pratiqué pendant longtemps, il rajeunit, dans la première, la préposition avecque, en complétant ainsi le vers : avec bien moins de peine, et il remplace dans la seconde le mot galants par celui de héros, qui, en effet, vaudroit mieux aujourd’hui. Comme il faut avoir, de nos jours, quelque courage pour prononcer le nom de Florian lorsqu’il s’agit de matières littéraires, nous n’avons pas osé lui reprocher d’avoir, dans une citation de