Page:Racan Tome I.djvu/285

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Si Dieu, qui fut l’autheur d’un si parfait ouvrage,

A permis que la Mort l’ait si-tost abatu.

Croy que c’est un effet de sa bonté profonde
De n’avoir point souffert qu’une telle vertu
Endurast plus long-temps les miseres du monde.


AUTRE ÉPITAPHE
De feu Monsieur le Comte de Charny, qui mourut de maladie
pendant le siege de Montauban.
Sonnet.

Toy qui mets ton espoir aux honneurs de la terre,
Voy comme leur éclat se passe en peu de temps,
Qu’en vain l’homme propose, et que des plus contens
Le plus solide appuy n’est que paille et que verre.

Charny, fils d’un guerrier, ou plutost d’un tonnerre
Dont Henry terraçoit l’audace des Tytans,
A trouvé dans son lit, à l’âge de vingt ans,
Le trépas qu’il cherchoit aux hazards de la guerre.

De te dire, passant, quelle estoit la vertu
Dont la nature avoit son esprit revestu,
Ce n’est point sur cela que sa gloire se fonde.

Ce que je t’en dirois luy feroit de l’ennuy ;
Juges-en par le soin qu’eut le Sauveur du monde
De nous l’oster si-tost pour l’appeller à luy.