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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/57

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au lieu de choir. L’homme, depuis huit jours, errant de place en place, avait remarqué bien des choses anormales et subi de graves déconvenues. Cette splendide contrée donnait, au soleil, l’illusion d’un paradis, nouvel Éden administratif où tout était prévu pour exciter et punir la gourmandise, mais elle dégageait, par les mauvais temps, une abominable tristesse. Cela imitait réellement trop le cimetière. De plus, la boue de ces terrains si bien entretenus ne séchait pas, elle tachait, huilait les vêtements comme une glu. Cette boue collait sans changer de nuance, restait humide. La terre, la bonne terre naturelle dont nous sommes tous pétris, est brune d’abord, jaunâtre ensuite, s’effrite sous l’ongle et s’en va en poussière. La terre n’est pas malpropre tant qu’elle n’est pas triturée chimiquement par l’humanité. Pourquoi donc ce sol fertile se montrait-il si méchant vis-à-vis de ceux qui ne possédaient pas de vêtements de rechange ? Il ne fallait plus songer à se nettoyer une fois tombé dans un fossé de Flachère. L’homme en avait pris son parti ; une sorte de somnolence le paralysait depuis l’excellent repas qu’il s’était offert chez le directeur de la ferme-école. À quoi bon les soins de toilette ? Ses habits,