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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/71

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peur des fièvres. Ils assainissent un marais.

Il remit son chapeau, s’orienta, et se dirigea du côté de la ferme hollandaise en suivant une des routes blanches, si rectilignes.

Le long de cette route, il compta une dizaine de maisonnettes assez semblables à de petites chapelles expiatoires, où presque invariablement se trouvait une femme sur la porte, triant une salade.

— Les gardiennes de la nécropole ! fit l’homme noir en ricanant.

Une de ces ménagères lui indiqua le plus court chemin pour gagner les cantines. On n’entendait plus les salves d’artillerie, le vent ayant changé. Une atmosphère saturée d’odeurs écœurantes pesait, lourde à la tête, et dans cet été mouillé on éprouvait la sensation de respirer un bain d’eau de vaisselle.

— Je ne me ferai pas facilement à la belle nature, se disait l’homme.

Sur le seuil des cantines, il hésita. Des bonnes en tablier blanc emballaient des paniers de fruits et classaient des petites caisses dans des grandes. Au-dessus des fourneaux, des bassines, contenant des compotes et des confitures, bouillaient et écumaient. Un ouvrier, marmiton ou égou-