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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/9

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I

demeure chaste et pure

… Marguerite posa le livre sur le guéridon, se gratta la racine des cheveux, examina ses pieds — dans le doute elle regardait ses pieds, qui lui donnaient toujours des conseils mesquins parce qu’elle les avait fort petits — puis elle essaya de penser.

La lecture d’un roman est, pour une femme, une aventure défendue qu’elle se permet d’ajouter à sa vie quotidienne. Marguerite, point femme encore, lisait souvent, car elle s’ennuyait. De la grande bibliothèque d’en bas, elle montait chez elle des aventures anciennes et modernes, tâchant de peupler d’agréables fantômes sa chambre de jeune fille, une chambre pâle où tout était virginal, transitoire : les rideaux couleur d’aube, le papier à semis de pâquerettes, les meubles