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Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/90

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sang, pour avoir, le premier, dirigé l’équipe de ses égoutiers champêtres, hommes vraiment courageux dont quelques-uns étaient morts (au champ d’honneur), ayant respiré de trop près les émanations qui écœuraient l’anarchiste.

Oui, on savait que ce noble soldat de l’industrie, maintenant officier, se consacrait au soin de séparer l’eau pure de la fange, une opération de drainage tenant du sortilège, et, chaque année, c’était lui qui faisait goûter au ministre de l’Agriculture (jamais le même) les progrès de cette prodigieuse purification. Oui… on devait triompher… Mais il y avait les réclamations affolées des riverains, le petit village en rang de dominos consternés devant la double floraison de la peste, cette onde, jadis vert-bleu, devenue noir bitume, et ces jardins rectilignes infectés à perte de vue, tout ce noble décor de campagne paisible envahi par la décomposition asphyxiante. On leur promettait la fermeture totale des égouts dans dix ans, et d’ici là beaucoup de vieux pêcheurs subsistant jadis de leur coup de filet seraient partis pour augmenter la fermentation. Il y avait les grands propriétaires qui se sauvaient, se bouchant les oreilles et surtout les narines, les mille et une procédures