Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/148

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j4o BRITANN1CUS.

Ont fait croire à tous ceux qui les ont entendues

Que jadis, j'ose ici vous le dire entre nous,

Vous n'aviez sous mon nom travaillé que pour vous.

« Tant d'honneurs, disoient-ils, et tant de déférences,

» Sont-ce de ses bienfaits de foibies récompenses?

» Quel crime a donc commis ce fils tant condamné?

» Est-ce pour obéir qu'elle l'a couronné!

» N'est-il de son pouvoir que le dépositaire? »

Non que, si jusque-là j'avois pu vous complaire ,

Je n'eusse pris plaisir, madame, à vous céder

Ce pouvoir que vos cris sembloient redemander ;

Mais Rome veut un maître, et non une maîtresse.

Vous entendiez les bruits qu'exciloient ma fuiblesse :

Le sénat chaque jour et le peuple , irrités

De s'ouïr par ma voix dicter vos volontés,

Publioient qu'en mourant Claude avec sa puissance

M'avoit encor laissé sa simple obéissance.

Vous avez vu cent fois nos soldats en courroux

Porter en murmurant leurs aigles devant vous;

Honteux de rabaisser par cet indigne usage

Les héros dont encore elles portent l'image.

Toute autre se seroit rendue à leurs discours :

Mais , si vous ne régnez, vous vous plaignez touj nrs.

Avec Britannicus contre moi réunie ,

Vous le fortifiez du parti de Junie;

Et la main de Pallas trame tous ces complots.

Et, lorsque malgré moi j'assure mon repos,

On vous voit de colère et de haine animée :

Vous voulez présenter mon rival à l'armée ;

Déjà jusques au camp le bruit en a couru.

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