Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/260

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2 5? BÉRÉNICE.

Elle m'a vu toujours, ardent à vous louer, Répondre par mes soins à votre confidence. Vous croyez m'en devoir quelque reconnoissance : Mais le pourriez-vous croire, en ce moment fatal, Qu'un ami si fidèle étoit votre rival ?

TITUS.

Mon rival!

ANTIOCHUS.

Il est temps que je vous éclaircisse. Oui, seigneur, j'ai toujours adoré Bérénice. Pour ne la plus aimer j'ai cent fois combattu : Je n'ai pu l'oublier; au moins je me suis tu. De votre changement la flatteuse apparence M'avoit rendu tantôt quelque foible espérance : Les larmes de la reine ont éteint cet espoir. Ses yeux, baignés de pleurs, demandoient à vous voir : Je suis venu, seigneur, vous appeler moi-même. Vous êtes revenu. Vous aimez , on vous aime ; Vous vous êtes rendu : je n'en ai point douté. Pour la dernière fois je me suis consulté; J'ai fait de mon courage une épreuve dernière ; Je viens de rappeler ma raison tout entière : Jamais je ne me suis senti plus amoureux. Il faut d'autres efforts pour rompre tant de nœuds : Ce n'est qu'en expirant que je puis les détruire; J'y cours. Voilà de quoi j'ai voulu vous instruire. Oui , madame , vers vous j'ai rappelé ses pas : Mes soins ont réussi ; je ne m'en repens pas. Puisse le ciel verser sur toutes vos années Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées!

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