Page:Racine - Œuvres, t2, éd. Mesnard, 1865.djvu/15

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NOTICE.

« Le 17 novembre (1667) Leurs Majestés eurent le divertissement d’une fort belle tragédie, par la troupe royale, en l’appartement de la Reine, où étoient quantité de seigneurs et de dames de la cour. » Ainsi parle la Gazette du 19 novembre 1667, sans nommer d’ailleurs cette fort belle tragédie. Mais nous savons que c’était Andromaque ; car dans la lettre en vers de Robinet, de même date que l’article de la Gazette, nous lisons :

La cour, qui, selon ses désirs,
Tous les jours change de plaisirs,
Vit jeudi certain dramatique,
Poëme tragique et non comique.
Dont on dit que beaux sont les vers
Et tous les incidents divers.
Et que cet œuvre de Racine
Maint autre rare auteur chagrine.

En marge de ces vers on lit le nom d’Andromaque.

Cette représentation, donnée dans l’appartement de la Reine le jeudi 17 novembre, et avant laquelle nous n’en trouvons mentionnée par les contemporains aucune autre de la même pièce, fut-elle la première de toutes ? Cela n’est pas impossible. Iphigénie aussi fut jouée à la cour, avant de l’être à la ville ; et il n’y aurait pas à s’étonner si la tragédie d’Andromaque qui naissait sous les auspices d’Henriette d’Angleterre, avait eu le même honneur. N’est-il pas remarquable que la lettre en vers de Robinet et la Gazette s’accordent à en parler pour la première fois à propos du divertissement royal ? On donne cependant assez généralement à la première représentation d’Andromaque la date du 10 novembre ; mais il est clair qu’on se borne