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ANDROMAQUE

pide ; et il est plus que douteux que Racine, comme le disent Grimarest dans sa Vie de Molière, et l’abbé Granet dans la préface de son Recueil de dissertations[1], ait pu s’y méprendre, que même il ait seulement voulu en faire semblant. La seule part que prit Molière à cette attaque contre Racine, et qui suffirait pour causer beaucoup d’étonnement, si l’on ne se rappelait qu’il avait à se venger de l’Alexandre porté à l’Hôtel de Bourgogne, et de la désertion de la du Parc, fut de prêter son théâtre à la représentation de la comédie de Subligny. Elle y fut jouée pour la première fois le vendredi 18 mai 1668, comme nous l’apprend Robinet[2], un de ses admirateurs, un de ceux qui croyaient y reconnaître « un faux Subligny[3]. » Une interruption dans le Registre de la Grange, du 13 au 25 mai 1668, nous cache les deux ou trois premières représentations de la pièce ; mais nous voyons dans ce même registre que depuis le 25 mai jusqu’à la fin de l’année, elle fut jouée vingt-sept fois, ce qui atteste suffisamment son succès et plus encore peut-être celui de la tragédie dont elle escortait le triomphe, en l’insultant.

Imprimée cette même année 1668[4], reproduite dans le Recueil de dissertations de l’abbé Granet[5], la Folle querelle est encore sous nos yeux, et ceux qui ont le courage de la lire peuvent juger si c’est ainsi que l’auteur de la Critique de l’École des femmes et de l’Impromptu de Versailles imaginait et écrivait ces petites pièces où la discussion de questions littéraires et la satire personnelle prenaient la forme de charmantes comédies. Subligny, pour censurer, avec une minutie de pédant, le style de la tragédie de Racine et les caractères de ses personnages, avait ramassé pêle-mêle toutes les objections qu’il avait entendu faire, sans oublier Pyrrhus qui ne se conduit pas

  1. Tome I, p. ci.
  2. Lettre en vers, du 12 mai 1668.
  3. Lettre en vers, du 15 septembre 1668.
  4. La Folle querelle ou la critique d’Andromaque, comédie représentée par la troupe du Roi. À Paris, chez Thomas Jolly, M.DC.LXVIII. L’Achevé d’imprimer est du 22 août. La pièce est en trois actes et en prose.
  5. Tome II, p. 87-187.