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ANDROMAQUE

790Nos vaisseaux sont tout prêts, et le vent nous appelle.
Je sais de ce palais tous les détours obscurs ;
Vous voyez que la mer en vient battre les murs ;
Et cette nuit, sans peine, une secrète voie
Jusqu’en votre vaisseau conduira votre proie.

ORESTE.

795J’abuse, cher ami, de ton trop d’amitié.
Mais pardonne à des maux dont toi seul as pitié ;
Excuse un malheureux qui perd tout ce qu’il aime,
Que tout le monde hait, et qui se hait lui-même.
Que ne puis-je à mon tour dans un sort plus heureux…

PYLADE.

800Dissimulez, Seigneur : c’est tout ce que je veux.
Gardez qu’avant le coup votre dessein n’éclate :
Oubliez jusque-là qu’Hermione est ingrate ;
Oubliez votre amour. Elle vient, je la voi.

ORESTE.

Va-t’en. Réponds-moi d’elle, et je réponds de moi.


Scène II.

HERMIONE, ORESTE, CLÉONE.
ORESTE.

805Hé bien ! mes soins vous ont rendu votre conquête.
J’ai vu Pyrrhus, Madame, et votre hymen s’apprête.

HERMIONE.

On le dit ; et de plus on vient de m’assurer
Que vous ne me cherchiez que pour m’y préparer.

ORESTE.

Et votre âme à ses vœux ne sera pas rebelle ?

HERMIONE.

810Qui l’eût cru, que Pyrrhus ne fût pas infidèle ?