Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/102

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Il le connut bien-toft, & fon aine étonnée
De tout ce grand pouvoir fe vit abandonnée ;
Il fe vit terraflé d’un bras victorieux,
Et la foudre en tombant luy fit ouvrir les yeux.

PORUS.
Mais encore à quel prix croyez-vous qu’Alexandre
Mette l’indigne Paix dont il veut vous lurprendre ?
Demandez-le, Seigneur, à cent Peuples divers ;
Que cette Paix trompeufe a jettes dans les fers.
Mon, ne nous flattons point, fa douceur nous ou-
’trage.

Toujours (on Amitié traifiie un long efelavage.
En vain on prétenclroit n’obeïr qu’a demy,
Si l’on n’eft fon Efclave, on eft fon Ennemy,

TAXILE.
Seigneur, fans fe montrer lafchc ni temeraire,
De quelque vain hommage on peut le fàtisfaire.
Tlattons par des refpects ce Prince ambitieux,
Que fon boiiillant orgueil appelle en d’autres lieux,
C’eftun Torrent qui pafle, & dontla violence
Sur tout ce qui l’arrefte exerce ù puiflance ;
Qui grofly du débris de cent Peuples divers,
Veut du bruit de fon cours remplir tout l’Uni vers ;
M’attirons point for nous les effets de là rage,
D’un favorable accueil honnorons fonpaliàge,
Et luy cedant des droits que nous reprendrons bien,
Rendons-luy des devoirs quinenouscouftent rien.

PORUS.

Qui ne couftent tien, Seigneur ; L’ofèz-vous croire ?
Conteray-je pour rien la perte de ma gloire ?
Vofcre Empire, & le mien feroient trop achetez,
S’ils couftoient à Porus les moindres lafehetez.
Mais croyez vous qu’un Prince enflé de tant d’audace,
De fon paflage icy ne lailîàft point de trace ?
Combien de Rois brifez à ce funefte écueil,