Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/124

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De leur fureur par tout font voler les éclats~
De quel autre cofté conduiriez-vous vos pas ?
Où pourriez-vous ailleurs éviter la tempefte ?
Un plein calme en ces lieux aflùre voftre teftc,
Tout eft rranquile…

AXI ANE.

Et c’cft cette tranquilité Dont je ne puis fouffrir l’indigne féureté, Qupy lors que mes Sujets mourant dans une plaine, Sur les pas de Porus combattent pour leur Reine, Qujw prix de tout leur fàng ils fignalent leur foy, Que le cry des mourans vient prelque jufqu’à moy, On me parle de Paix ? & le Camp deTaxile Garde dans ce defordre une afllette tranquile, On flatte ma douleur d’un calme injurieux, Sur des objets de jove on arrefte mes yeux.

CLEOFILE. Madame, voulez-vous que l’amour de mon Frere Abandonne aux perils’une tefte Ci chere ? Il lçait trop les hazards…

AXI ANE.

Et pour m’en détourner
Ce genereux Amant me fait emprifonner ?
Et tandis que pour moy iôn Rival lè hazarde t
Sa paillble valeur me lèrt icy de garde ?

CLEOFILE.
Que Porus eft heureux ! le moindre éloignement
A voftre impatience eft un cruel tourment.
Et fi l’on vouscroyoit, le foin qui vous travaille
Vous le lèroit chercher jufou’au champ de bataille.

AX 1 AN E. Je lèrois plus, Madame. Un mouvement fi beaa Me le lèroit chercher jufques dans le tombeau, Perdre tous mes Eftats, & voir d’un œil tranquile Alexandre eu payer le Col vue de Cleoâle.