Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/138

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SCENE II.

ALEXANDRE, AXIANE.

A X IA N E.

HE bien, Seigneur, hé bien, trouvez-vous quel-
ques charmes
A voir couler des pleurs que font verfer vos armes }.
Ou fi vous m’enviez en l’eftat où je luis
La trifte liberté de pleurer mes ennuis.

ALEXANDRE.
Voftre douleur eft libre, autant que legitime.
Vous regrettez, Madame, un Prince magnanime.’
Je fus fou Ennemy. Mais je nel’eftoispas
j ulqu’à blafmer les pleurs qu’on donne à fon trépas.
Avant que fur les bords l’Inde me vit paroiftre,
L’éclat de là vertu me l’avoit faiteonnoiftre.
Entre les plus grands Rois il Ce fit remarquer,
je Içavois….

AXIANE.

Pourquoy donc le venir attaquer ?
Par quelle loy faut— il qu’aux deux bouts de la T erre
Vous cherchiez la Vertu pour luy faire la. guerre ?
Le merite à vos yeux ne peut-il éclater
Sans pouil’er vorfre orgueil à le perfecuter ?

AL EX AN DR E.
Guy, j’ay cherché Porus. Mais quoy qu’on puiflè dire,
Je ne le cherchois pas afin de le détruire,
J’avoiïeray que brûlant de lîgnaler mon bras
Je me lailfay conduire au bruit de fes combats,