Je la verrois aux miens, Phœnix, d’un œil tranquile.
Elle eſt Veuve d’Hector, et je ſuis Fils d’Achille.
Trop de haine ſepare Andromaque & Pyrrhus.
Commencez donc, Seigneur, à ne m’en parler plus.
Allez voir Hermione, & content de luy plaire,
Oubliez à ſes piez juſqu’à voſtre colere.
Vous-meſme à cét hymen venez la diſpoſer.
Eſt-ce ſur un Rival qu’il s’en faut repoſer ?
Il ne l’aime que trop.
Qu’Andromaque en ſecret n’en ſera pas jalouſe ?
Quoy toujours Andromaque occupe voſtre eſprit !
Que vous importe, ô Dieux ! ſa joie, ou ſon dépit ?
Quel charme malgré vous vers elle vous attire ?
Non, je n’ay pas bien dit tout ce qu’il luy faut dire.
Ma colere à ſes yeux n’a paru qu’à demy.
Elle ignore à quel point je ſuis ſon Ennemy.
Retournons-y. Je veux la braver à ſa veuë,
Et donner à ma haine une libre eſtenduë.
Vien voir tous ſes attraits, Phœnix, humiliez.
Allons.
Allez, en luy jurant que voſtre ame l’adore,
A de nouveaux mépris l’encourager encore.
Je le vois bien, tu crois que preſt à l’excuſer
Mon Cœur court après elle, & cherche à s’appaiſer.
Vous aimez, c’eſt aſſez.