Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/263

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Ah ! Quittez d’un Cenſeur la triſte diligence.
D’une Mere facile affectez l’indulgence.
Souffrez quelques froideurs ſans les faire éclater,
Et n’avertiſſez point la Cour de vous quitter.

AGRIPPINE.

Et qui s’honoreroit de l’appuy d’Agrippine
Lors que Neron luy meſme annonce ſa ruine ?
Lors que de ſa preſence il ſemble me bannir ?
Quand Burrhus à ſa porte oſe me retenir ?

BURRHUS.

Madame, je voy bien qu’il eſt temps de me taire,
Et que ma liberté commence à vous déplaire.
La douleur eſt injuſte, & toutes les raiſons
Qui ne la flattent point aigriſſent ſes ſoupçons.
Voicy Britannicus. Je luy cede ma place.
Je vous laiſſe écouter, & plaindre ſa diſgrace,
Et peut-eſtre, Madame, en accuſer les ſoins
De ceux, que l’Empereur a conſultez le moins.



SCENE III.

AGRIPPINE, BRITANNICUS
NARCISSE, ALBINE.

AGRIPPINE.

AH Prince ! où courez-vous ? Quelle ardeur inquiete
Parmy vos ennemis en aveugle vous jette ?
Que venez-vous chercher ?