Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/307

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Allez donc, & portez cette joye à mon Frere.
Gardes, qu’on obeïſſe aux ordres de ma Mere.

SCENE III.

NERON, BURRHUS.

BURRHUS.

QUe cette paix, Seigneur, & ces embraſſemens
Vont offrir à mes yeux des ſpectacles charmãs !
Vous ſçavez ſi jamais ma voix luy fut contraire,
Si de ſon amitié j’ay voulu vous diſtraire,
Et ſi j’ay merité cét injuſte courroux.

NERON.

Je ne vous flatte point, je me plaignois de vous,
Burrhus, je vous ay crus tous deux d’intelligence.
Mais ſon inimitié vous rend ma confiance.
Elle ſe haſte trop, Burrhus, de triompher.
J’embraſſe mon Rival, mais c’eſt pour l’étouffer.

BURRHUS.

Quoy, Seigneur !

NERON.

C’en eſt trop. Il faut que ſa ruïne
Me délivre à jamais des fureurs d’Agrippine
Tant qu’il reſpirera je ne vy qu’à demy.
Elle m’a fatigué de ce nom ennemy,
Et je ne pretens pas que ſa coupable audace
Une ſeconde fois luy promette ma place.

BURRHUS.

Elle va donc bien-toſt pleurer Britannicus.

NERON.

Avant la fin du jour je ne le craindray plus.