Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/384

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Tenez : voilà la tête et les pieds du chapon.
Voyez-les et jugez.

L’Intimé
Je les récuse.

Dandin
Bon !
Pourquoi les récuser ?

L’Intimé
Monsieur, ils sont du Maine.

Dandin
Il est vrai que du Mans il en vient par douzaine.

L’Intimé
725Messieurs…

Dandin
Serez-vous long, avocat ? dites-moi.

L’Intimé
Je ne réponds de rien.

Dandin
Il est de bonne foi.

L’Intimé, d’un ton finissant en fausset.
Messieurs, tout ce qui peut étonner un coupable
Tout ce que les mortels ont de plus redoutable,
Semble s’être assemblé contre nous par hasar :
730Je veux dire la brigue et l’éloquence. Car
D’un côté, le crédit du défunt m’épouvante ;
Et, de l’autre côté, l’éloquence éclatante
De maître Petit Jean m’éblouit.

Dandin
Avocat,
De votre ton vous-même adoucissez l’éclat.

L’Intimé
735Oui-da, j’en ai plusieurs…
(du beau ton.)
Mais quelque défiance
Que nous doive donner la susdite éloquence,
Et le susdit crédit, ce néanmoins, Messieurs,
L’ancre de vos bontés nous rassure, d’ailleurs.