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LES FRERES ENNEMIS.

Et j’ay ſceû depuis peu que le Roy ſon beau-pere,
Preferant à la guerre un ſolide repos,
Se reſerve Mycene, & le fait Roy d’Argos.
Tout courageux qu’il eſt, ſans doute il ne ſouhaitte,
Que de faire en effet une honneſte retraitte,
Puis qu’il s’offre à vous voir croyez qu’il veut la Paix,
Ce jour la doit conclure, ou la rompre à jamais.
Taſchez dans ce deſſein de l’affermir vous-meſme,
Et luy promettez tout hormis le Diadême.

ETEOCLE.

Hormis le Diadême il ne demande rien.

IOCASTE.

Mais voyez-le du moins.

CREON.

Mais voyez-le du moins. Oüy puis qu’il le veut bien,
Vous ferez plus tout ſeul que nous ne ſçaurions faire,
Et le ſang reprendra ſon empire ordinaire.

ETEOCLE.

Allons donc le chercher.

IOCASTE.

Allons donc le chercher. Mon Fils, au nom des Dieux,
Attendez-le plûtoſt. Voyez-le dans ces lieux.

ETEOCLE.

Hé bien, Madame, hé bien qu’il vienne, & qu’on luy donne
Toutes les ſeuretez qu’il faut pour ſa perſonne ?
Allons.

ANTIGONE.

Allons. Ah ! ſi ce jour rend la Paix aux Thebains,
Elle fera, Créon, l’ouvrage de vos mains.