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LES FRERES ENNEMIS.


OLYMPE.

Creon vient.

ANTIGONE.

Creon vient. Il eſt triſte, & j’en connois la cauſe.
Au courroux du Vainqueur la mort du Roy l’expoſe,
C’eſt de tous nos mal-heurs l’autheur pernicieux.



SCENE III.

ANTIGONE, CREON,
ATTALE, OLYMPE.


CREON.


MAdame, qu’ay-je appris en entrant dans ces lieux ?
Eſt-il vray que la Reine…

ANTIGONE.

Eſt-il vray que la Reine… Oüy, Creon elle eſt mortel.

CREON.

O Dieux ! puis-je ſçavoir de quelle étrange ſorte,
Ses jours infortunez ont éteint leur flambeau ?

OLYMPE.

Elle-meſme, Seigneur, s’eſt ouvert le tombeau,
Et s’eſtant d’un poignard en vn moment ſaiſie,
Elle en a terminé ſes mal-heurs & ſa vie.

ANTIGONE.

Elle a ſceu prevenir la perte de ſon Fils.

CREON.

Ah ! Madame, il eſt vray que les Dieux ennemis…

ANTIGONE.

N’imputez qu’à vous ſeul la mort du Roy mon Frere,