Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/119

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de ne point l’obliger à voir un gouverneur des Pays-Bas espagnols, pendant que l’Espagne était en guerre avec la France ; et M. de Grana fut assez galant homme pour approuver la délicatesse de son scrupule.

Lorsque le prince d’Orange se fut rendu maître de l’Angleterre, les jésuites, qu’on regardait partout comme les principales causes des malheurs du roi Jacques, ne furent pas, à ce qu’on prétend, les derniers à vouloir se rendre favorable le nouveau roi. Mais M. Arnauld, qui avait tant d’intérêt à ne point s’attirer son indignation, ne put retenir son zèle. Il prit la plume, et écrivit avec tant de force pour défendre les droits du roi Jacques, et pour exhorter tous les princes catholiques à imiter la générosité avec laquelle le roi l’avait recueilli en France, que le prince d’Orange exigea de tous ses alliés, et surtout des Espagnols, de chasser ce docteur de toutes les terres de leur domination. Ce fut alors qu’il se trouva dans la plus grande extrémité où il se fût trouvé de sa vie. La France lui était fermée par les jésuites, et tous les autres pays par les ennemis de la France.

On a su de quelques amis qui ne le quittèrent point dans cette extrémité qu’un de leurs plus grands embarras était d’empêcher que, dans tous les lieux où il cherchait à se cacher, son trop grand zèle pour le roi ne le fît découvrir. Il était si persuadé que ce prince ne pouvait manquer dans la conduite de ses entre-