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ou profession de foi, qui comprît également la créance du fait et du droit, et d’en faire ordonner la souscription sous les peines portées contre les hérétiques. C’est ce fameux formulaire qui a tant causé de troubles dans l’Église, et dont les jésuites ont tiré un si grand usage pour se venger de toutes les personnes qu’ils haïssaient. Tout le monde convient que ce fut M. de Marca qui dressa ce formulaire avec le Père Annat, et qui le fit recevoir dans l’Assemblée générale de 1655.

Ce prélat était un homme de beaucoup d’esprit, très habile dans le droit canon, et dans tout ce qui s’appelle la police extérieure de l’Église, sur laquelle il avait même fait des livres très savants, et fort opposés aux prétentions de la cour de Rome. Mais il savait fort peu de théologie, ne s’étant destiné que fort tard à l’état ecclésiastique, et ayant passé plus de la moitié de sa vie dans des emplois séculiers : d’abord président au Parlement de Pau, puis intendant en Catalogne, d’où il avait été élevé à l’évêché de Couserans et ensuite à l’archevêché de Toulouse. Sa grande habileté, jointe à l’extrême passion qu’il témoignait contre les jansénistes, lui donnait un grand crédit dans les Assemblées du clergé. Il en dressait tous les actes, et en formait, pour ainsi dire, toutes les décisions.

Lui et le Père Annat convenaient dans le dessein de faire déclarer hérétiques les défenseurs de Jansé-