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ceux qui confondaient ces deux choses. Il n’osait pas non plus reparler de sa foi humaine, qu’il voyait abandonnée de tout le monde. Voici l’expédient qu’il prit pour essayer de se tirer d’affaire. Il distingua le fait et le droit dans son ordonnance ; mais il se servit pour cela de termes si obscurs, qu’on ne savait précisément ce qu’il demandait, disant qu’il fallait une soumission de foi divine pour les dogmes, et, quant au fait, une véritable soumission par laquelle on acquiesce.

L’obscurité de cette ordonnance, et le serment dont j’ai parlé rendirent aux religieuses de Port-Royal la signature de ce second formulaire bien plus difficile que celle du premier. Mais avant que de passer plus loin, il est bon de dire ici en quel état étaient ces filles quand la nouvelle bulle arriva en France.

Nous avons vu que l’archevêque en avait fait enlever jusqu’au nombre de dix-huit, qu’il avait dispersées en divers couvents. L’abbesse fut conduite à Meaux par l’évêque de Meaux[1], son frère, à qui on l’avait confiée, et qui la mit dans le couvent de la Visitation qui est dans cette ville. La mère Agnès fut renfermée dans le couvent de la Visitation du faubourg Saint-Jacques, avec une de ses nièces qu’on voulut bien laisser auprès d’elle pour la servir. Les autres furent séparées en différents monastères, tant à Paris qu’à Saint-Denis,

  1. Dominique de Ligny.