Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/218

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la force de sa grâce dans ce qu’il y a de plus faible.

Une société d’hommes superbes osait disputer à Dieu sa toute-puissance sur les cœurs ; il était digne de Dieu d’en donner une preuve éclatante, en remplissant de simples filles, persuadées de leur néant, et qui attendaient tout de la grâce, d’une sagesse et d’une magnanimité qui fait encore le sujet de l’admiration et de la confusion des hommes les plus forts et les plus éclairés. Ce que nous venons de dire ne paraîtra pas exagéré à quiconque lira les relations de Port-Royal, ou seulement celle de la mère Angélique de Saint-Jean, fille de M. d’Andilly.

Dieu soutenait et conduisait par lui-même ces admirables vierges. Les grands hommes qui auraient pu les éclairer et les encourager étaient eux-mêmes obligés de se cacher pour éviter les violences que l’on voulait exercer contre eux. Ainsi ils ne pouvaient que rarement, et avec une extrême difficulté, faire parvenir leurs avis jusques à ces religieuses ; et ils ne le pouvaient en aucune sorte à l’égard de celles qui étaient captives en différents couvents. Dans le peu de commerce qu’ils avaient avec les deux monastères de Port-Royal, ils étaient plus occupés à modérer leur courage qu’à leur en inspirer. Elles avaient en effet une peine infinie à entrer dans les condescendances et les tempéraments que ces théologiens croyaient permis. On peut voir dans l’Apologie de Port-Royal quelle peine