Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/65

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décrier la conduite de quelques ecclésiastiques de ses amis, attachés aux véritables maximes de l’Église sur la pénitence.

Quoique les jésuites ne fussent point nommés dans ce livre, non pas même le jésuite[1] dont l’écrit y était réfuté, on n’ose presque dire avec quel emportement ils s’élevèrent et contre l’ouvrage et contre l’auteur. Ils n’eurent aucun égard au jugement de seize tant archevêques qu’évêques, et de vingt-quatre des plus célèbres docteurs de la Faculté, dont les approbations étaient imprimées à la tête du livre. Ils engagèrent leurs plus fameux écrivains à prendre la plume pour le réfuter, et ordonnèrent à leurs prédicateurs de le décrier dans tous leurs sermons. Les uns et les autres parlaient du livre comme d’un ouvrage abominable, qui tendait à renverser la pénitence et l’eucharistie, et de l’auteur comme d’un monstre qu’on ne pouvait trop tôt étouffer, et dont ils demandaient le sang aux grands de la terre. Il y eut un de ces prédicateurs[2] qui, en pleine chaire, osa même prendre à partie les prélats approbateurs, et s’emporta contre eux à de tels excès, qu’il fut condamné par une assemblée d’évêques à leur en faire satisfaction à genoux ; et il fallut qu’il subît cette pénitence.

  1. Le Père de Sesmaisons.
  2. Le Père Nouet.