Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/71

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lutions, et ayant sous sa direction les directeurs mêmes de la plus grande partie des consciences de Paris et de la cour. On n’ose pousser plus avant ces réflexions, et on laisse aux Révérends Pères jésuites à les faire sérieusement devant Dieu.

Le mauvais succès de ces calomnies n’empêcha pas d’autres jésuites de les répéter en mille rencontres. Il y en eut un, appelé le Père Meynier, qui publia un livre avec ce titre : Le Port-Royal d’intelligence avec Genève contre le Saint-Sacrement de l’autel, par le Révérend Père Meynier, de la Compagnie de Jésus. Le livre était aussi impudent que le titre, et enchérissait encore sur les excès du Père Brisacier. On y renouvelait l’extravagante histoire d’un prétendu complot formé en l’année 1621 par M. Arnauld, par l’abbé de Saint-Cyran, et par trois autres, pour anéantir la religion de Jésus-Christ et pour établir le déisme, quoique M. Arnauld eût déjà invinciblement prouvé qu’il n’avait que neuf ans l’année où l’on disait qu’il avait formé cette horrible conjuration[1]. Le Père Meynier faisait même entrer dans ce complot la Mère Agnès et les autres religieuses de Port-Royal.

Quelque absurdes que fussent ces calomnies, à force néanmoins de les répéter, et toujours avec la même assurance, les jésuites les persuadaient à beau-

  1. C’est ce qu’on appelle ordinairement le Projet ou la Fable de Bourgfontaine.