Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup de petits esprits, et surtout à leurs pénitents et à leurs pénitentes, la plupart personnes faibles, et qui ne pouvaient s’imaginer que leurs directeurs fussent capables d’avancer sans fondement de si étranges impostures. Ils les firent croire principalement dans les couvents qui étaient sous leur conduite ; jusque-là qu’il s’en trouve encore aujourd’hui dans Paris où les religieuses, quoique d’une dévotion d’ailleurs très édifiante, soutiennent aux personnes qui les vont voir qu’on ne communie point à Port-Royal, et qu’on n’y invoque ni la Vierge ni les saints. Et non seulement on trouve des maisons de religieuses, mais des communautés entières d’ecclésiastiques, qui, pleines de cette erreur, s’effarouchent encore au nom de Port-Royal, et qui regardent cette maison comme un séminaire de toutes sortes d’hérésies.

On aura peut-être de la peine à comprendre comment une société, aussi sainte dans son institution et aussi pleine de gens de piété que l’est celle des jésuites, a pu avancer et soutenir de si étranges calomnies. Est-ce, dira-t-on, que l’esprit de religion s’est tout à coup éteint en eux ? Non, sans doute, et c’est même par principe de religion que la plupart les ont avancées. Voici comment. La plus grande partie d’entre eux est convaincue que leur société ne peut être attaquée que par des hérétiques. Ils n’ont lu que les écrits de leurs Pères ; ceux de leurs adversaires