Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/86

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pensée, et ils épuisaient leur subtilité pour trouver dans ces mêmes écrits quelque trace des cinq propositions. C’est ainsi qu’ils firent un fort grand bruit contre les Heures qu’on appelle de Port-Royal, parce que, dans la version de deux endroits des hymnes, la rime ou la mesure du vers n’avait pas permis au traducteur de traduire à la lettre le Christe redemptor omnium[1], quoiqu’en plusieurs endroits des Heures on eût énoncé en propres termes que Jésus-Christ était venu pour sauver tout le monde. Ils n’eurent point de repos qu’ils ne les eussent fait mettre par l’Inquisition à l’Index, mais si inutilement pour le dessein qu’ils avaient de les décrier, que ces Heures, depuis ce temps-là, n’ont pas été moins courues de tout le monde, et que c’est encore le livre que presque toutes les personnes de piété portent à l’église, n’y en ayant point dont il se soit fait tant d’éditions. On sait même qu’elles ne furent point mises à l’Index pour cette omission que je viens de dire ; autrement il y eût fallu mettre le bréviaire de la révision du pape Urbain VIII, qui, à cause de la quantité et de la mesure du vers, a aussi retranché des hymnes ce même Christe redemptor omnium. Mais la cour de Rome, je ne sais pas trop pourquoi, avait défendu la traduction de l’Office de la Vierge en langue vulgaire, de sorte que les Heures de

  1. « Ô Christ, rédempteur de tous. »