Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/11

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ſurprenans qu’ils ſeroient moins vray-ſemblables, d’une infinité de declamations où l’on feroit dire aux Acteurs tout le contraire de ce qu’ils devroient dire. Il faudrait par exemple repreſenter quelque Heros yvre, qui ſe voudroit faire haïr de ſa Maiſtreſſe de gayeté de cœur, un Lacedemonien grand parleur, un Conquerant qui ne debiteroit que des maximes d’amour, une Femme qui donneroit des leçons de fierté à des Conquerans. Voilà ſans doute de quoy faire récrier tous ces Meſſieurs. Mais que diroit cependant le petit nombre de gens ſages auſquels je m’efforce de plaire ? De quel front oſerois-je me monſtrer, pour ainſi dire, aux yeux de ces grands Hommes de l’antiquité que j’ay choiſis pour modelles ? Car, pour me ſervir de la penſée d’un Ancien, voilà les veritables ſpectateurs que nous devons nous propoſer, & nous devons ſans ceſſe nous demander : Que diroient Homere & Virgile s’ils liſoient ces vers ? que diroit Sophocle s’il voyoit repreſenter cette Scene ? Quoy qu’il en ſoit je n’ay point pretendu empêcher qu’on ne parlaſt contre mes Ouvrages. Je l’aurois pretendu inutilement. Quid de te alij loquantur ipſi videant, dit Ciceron, ſed loquentur tamen.

Je prie ſeulement le Lecteur de me pardonner cette petite Preface que j’ay faite pour luy