Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/71

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C’eſt le ſincere aveu que je voulois vous faire.
Voilà tous mes forfaits. En voicy le ſalaire.
Du fruit de tant de ſoins à peine joüiſſant
En avez vous ſix mois paru reconnoiſſant,
Que laſſé d’un reſpect, qui vous gênoit peut-eſtre,
Vous avez affecté de ne me plus connaiſtre.
J’ay vû Burrhus, Seneque, aigriſſant vos ſoupçons
De l’infidelité vous tracer des leçons,
Ravis d’eſtre vaincus dans leur propre ſcience.
J’ay veu favoriſer de voſtre confiance
Othon, Senecion, jeunes voluptueux,
Et de tous vos plaiſirs flatteurs reſpectueux.
Et lors que vos mépris excitant mes murmures,
Je vous ay demandé raiſon de tant d’injures,
(Seul recours d’un Ingrat qui ſe voit confondu)
Par de nouveaux affronts vous m’avez répondu.
Aujourd’huy je promets Junie à voſtre Frere,
Ils ſe flattent tous deux du choix de voſtre Mere,
Que faites-vous ? Junie enlevée à la Cour
Devient en une nuit l’objet de voſtre amour.
Je voy de voſtre cœur Octavie effacée
Preſte à ſortir du lit, où je l’avois placée.
Je voy Pallas banny, voſtre Frere arreſté,
Vous attentez enfin juſqu’à ma liberté,
Burrhus oſe ſur moy porter ſes mains hardies.
Et lors que convaincu de tant de perfidies
Vous deviez ne me voir que pour les expier,
C’eſt vous, qui m’ordonnez de me juſtifier.

NERON.
Je me ſouviens toûjours que je vous doy l’Empire.

Et ſans vous fatiguer du ſoin de le redire,
Voſtre bonté, Madame, avec tranquillité
Pouvoit ſe repoſer ſur ma fidelité.