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Scène III.

AGRIPPINE, JUNIE.


AGRIPPINE.

MAdame, ou je me trõpe, ou durant vos Adieux

Quelques pleurs répandus ont obſcurcy vos yeux.
Puis-je ſçavoir quel trouble a formé ce nuage ?
Doutez-vous d’une Paix, dont je fay mon ouvrage ?

JUNIE.
Apres tous les ennuis que ce jour m’a couſtez,

Ay-je pû raſſurer mes eſprits agités ?
Helas ! à peine encor je conçoy ce miracle.
Quand même à vos bontez je craindrois quelque obſtacle,
Le changement, Madame, eſt commun à la Cour,
Et toûjours quelque crainte accompagne l’amour.

AGRIPPINE.
Il ſuffit, j’ay parlé, tout a changé de face.

Mes ſoins à vos ſoupçons ne laiſſent point de place.
Je répons d’une Paix jurée entre mes mains,
Neron m’en a donné des gages trop certains.
Ah ſi vous aviez veu par combien de careſſes
Il m’a renouvellé la foy de ſes promeſſes !