Page:Racine - Esther, 1689, Barbin - Athalie, 1692, Thierry.djvu/137

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Le Ciel en soit beni ! Mais ce secret courroux,

Cette oisive vertu, vous en contentez-vous ?

La foy qui n'agit point, est-ce une foy sincere ?

Huit ans deja passez une impie Estrangere

Du sceptre de David usurpe tous les droits,

Se baigne impunément dans le sang de nos Rois,

Des enfans de son fils détestable homicide,

Et même contre Dieu leve son bras perfide.

Et vous, l'un des soûtiens de ce tremblant Estat,

Vous nourri dans les camps du saint Roy Josaphat,

Qui sous son fils Joram commandiez nos armées,

Qui rassurâtes seul nos villes allarmées,

Lors que d'Okosias le trépas imprévû

Dispersa tout son camp à l'espect de Jehu ;

Je crains Dieu, dites-vous, sa verité me touche.

Voicy comme ce Dieu vous répond par ma bouche :

Du zele de ma loy que sert de vous parer ?

Par de steriles vœux pensez-vous m’honorer ?

Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices ?

Ay-je besoin du sang des boucs & des genisses ?

Le sang de vos Rois crie, & n’est point écouté.