Page:Racine - Esther, 1689, Barbin - Athalie, 1692, Thierry.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ges d’hommes, ces personnages n’ont pas laissé d’estre représentez par des Filles avec toute la bienséance de leur sexe. La chose leur a esté d’autant plus aisée, qu’anciennement les habits des Persans & des Juifs estaient de longues robbes qui tombaient jusqu’à terre.

Je ne puis me résoudre à finir cette Préface, sans rendre à celui qui a fait la Musique la justice qui lui est due, & sans confesser franchement que ses chants ont fait un des plus grands agrémens de la Piece. Tous les connaisseurs demeurent d’accord que depuis long-temps on n’a point entendu d’airs plus touchans, ni plus convenables aux paroles. Quelques personnes ont trouvé la Musique du dernier Chœur un peu longue, quoyque tresbelle. Mais qu’aurait-on dit de ces jeunes Israëlites qui avaient tant fait de vœux à Dieu pour estre délivrées de l’horrible péril où elles estaient, si ce péril estant passé, elles lui en avaient rendu de médiocres actions de graces ? Elles auraient directement péché contre la loüable coûtume de leur Nation, où l’on ne recevait de Dieu aucun bienfait signalé, qu’on ne l’en remerciaist sur le champ par de fort longs cantiques : tesmoins ceux de Marie