Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/102

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ANDROMAQUE.

Dis-lui que de mon fils l’amour est assez fort…
Crois-tu que dans son cœur il ait juré sa mort ?
L’amour peut-il si loin pousser sa barbarie ?

CÉPHISE.

Madame, il va bientôt revenir en furie.

ANDROMAQUE.

Hé bien ! va l’assurer…

CÉPHISE.

Hé bien ! va l’assurer… De quoi ? de votre foi ?

ANDROMAQUE.

Hélas ! pour la promettre est-elle encore à moi ?
Ô cendres d’un époux ! ô Troyens ! ô mon père !
Ô mon fils, que tes jours coûtent cher à ta mère[1] !
Allons.

CÉPHISE.

Allons. Où donc. Madame ? et que résolvez-vous ?

ANDROMAQUE.

Allons sur son tombeau consulter mon époux.


FIN DU TROISIÈME ACTE

  1. Mouvement analogue dans Euripide (Andr., 414-6) :

    ὧ τέϰνον, ἡ τεϰοῦσα σ', ὡς σὺ μὴ θάνῃς,
    στείχω πρὸς Ἅδην· ἢν δ' ὑπεϰδράμῃς μόρον,
    μέμνησο μητρὸς, οἶα τλᾶσ' ἀπωλόμην.


    « Ô mon fils, pour que tu ne meures pas, ta mère s’en va chez Hadès ; toi, si tu échappes à la mort, souviens-toi de ta mère, de ce que j’ai souffert, et comment je suis morte. »