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La Grèce le demande, et je ne prétends pas
Mettre toujours ma gloire à sauver des ingrats[1].

ANDROMAQUE.

Hélas ! il mourra donc. Il n’a pour sa défense
Que les pleurs de sa mère, et que son innocence.
Et peut-être après tout, en l’état où je suis,
Sa mort avancera la fin de mes ennuis.
Je prolongeois pour lui ma vie et ma misère ;
Mais enfin sur ses pas j’irai revoir son père[2].
Ainsi tous trois, Seigneur, par vos soins réunis,
Nous vous…

PYRRHUS.

Nous vous… Allez, Madame, allez voir votre fils.
Peut-être, en le voyant, votre amour plus timide
Ne prendra pas toujours sa colère pour guide.
Pour savoir nos destins, j’irai vous retrouver.
Madame, en l’embrassant, songez à le sauver.


FIN DU PREMIER ACTE

  1. Rapprochez encore les menaces de Grimoald (Pertharite, 11,5, 727, et la fin de la scène).
  2. L’Andromaque de Sénèque :
    Jam erepta Danais conjugem sequerer meum,
    Nisi hic teneret. Hic vieos animos domat,
    Morique prohibet. Cogit hic aliquid Deos
    Adhuc rogare ; tempus ærumnæ addidit. (416-419.)

    « Je me serais déjà arrachée aux Grecs et j’aurais suivi mon époux : mais cet enfant me retient. C’est lui qui maîtrise mon cœur et m’interdit de mourir. C’est lui qui me force d’adresser encore une prière aux
    dieux ; il a prolongé ma misère. »