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lever ; mais au dénouement Hortense épouse Lysandre. Éraste est puni comme trop semblable à Pyrrhus, et comme défenseur d’Andromaque. Il tient en effet pour Racine, avec la vicomtesse, une fille romanesque : Hortense et tous les autres personnages sont contre la tragédie.

Parmi beaucoup de critiques puériles et parfois grossières. Comme de linconvenance qu’il y a à faire arriver un roi à la recherche d’un ambassadeur, au lieu de le mander en son cabinet (quand Pyrrhus dit à Oreste : Je vous cherchais, seigneur), ou de l’inutilité de déranger un ambassadeur pour réclamer un petit enfant, quatre sujets d’accusation se détachent.

D’abord, la brutalité de Pyrrhus. Il fait des sommations irrespectueuses à Andromaque (I, 4 et III, 7) : « Ceux qui louent le reste de la pièce ont tous condamné sa brutalité, et je m’imagine voir un de nos braves du Marais dans une maison d’honneur, où il menace de jeter les meubles par les fenêtres, si on ne le satisfait promptement » (Folle querelle, I, 5). Il n’est pas « honnête homme » avec Ilermione, puisqu’il lui manque de parole, « après avoir promis de l’épouser une heure auparavant » (ibid, III, 11). Cette critique est d’un homme qui aime Quinault.

En second lieu, l’altération de l’histoire. Dans l’inégalité établie entre Oreste qui tutoie Pylade, et Pylade qui ne tutoie pas Oreste : cependant Pylade était roi. Mais surtout dans la survivance d’Astyanax.

En troisième lieu, « l’amour est l’âme de toutes ses actions (de Pyrrhus) aussi bien que de la pièce en dépit de ceux qui tiennent cela indigne des grands caractères » (II, 10). Subligny tient pour le type cornélien de la tragédie. C’est pour ces deux raisons, mépris de l’histoire et substitution de l’amour à l’héroïsme, nullement pour ce qui reste de fadeur dans Pyrrhus, que Subligny rapproche la tragédie des romans, et notamment de cette Clélie à laquelle il devait bientôt s’attaquer comme Sorel à l’Astrée.

Enfin, la critique du style de Racine remplit le troisième acte : les observations de Subligny seront indiquées dans les notes de la tragédie.

On trouvera le texte de la Folle querelle dans le troisième volume de la publication de V. Fournel, les Contemporains de Molière (F. Didot, 3 vol. in-8o).