Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/112

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71 ALEXANDRE,

Hé quoi ! Nous l'aurons vu, par tant d'horribles guerres. Troubler le calme heureux dont jouifloient nos terres ; ït le fer à la main entrer dans nos Etats , Pour attaquer des Rois qui ne l'oftenfoient p^ I Nous l'aurons vu piller des Provinces entières , Du fang de nos lujets faire enfler nos rivières ; Et quand le Ciel s'apprête a nous l'abandonner , J'attendrai qu'un Tyran daigne nous pardonner*

T A X I L E.

Ne dites point, Seigneur, que le Ciel l'abandonne; D'un foin toujours égal fa faveur l'environne. Un Roi, qui fait trembler tant d'Etats fous Ces loix, N'ell pas un ennemi que méprifent les Rois.

P o R u s. Loin de le méprifer, j'admire fon courage , Je rends à fa valeur un légitime hommage. Mais je veux , à mon tour , mériter les tribut» Que je me fens forcé de rendre à Ces vertus. Oui, je confens qu'au Ciel on élève Alexandre,; Mais , fi je puis , Seigneur, je l'en ferai defccndrc ; Et j'irai l'attaquer jufques furies Autels Que lui drefle, en tremblant, le refte des mortels. C'eft ainfi qu'Alexandre eftima tous ces Princes , Dont fa valeur pourtant a conquis les Provinces , Si fon cœur dans l'Afie eût montré quelque cÔioi , Darius en mourant i'auroit-il vu fon Roi ?

T A X I L £

Seigneur , fi Darius avoir fuie connoître. Il regneroit encore ou règne un autre maître. Cependant cet orgueil , qui caufa fon trépas , Avoir un fondement que vos mépris n'ont pas. La valeur d'Alexandre à peine étoit connue ; «Ce foudre étoit encore enfermé dans la nue. Dans un calme profond Darius endormi , Ignoroit jufqu'au nom d'un fi foiblc ennemi. Il le connut bientôt; 6c fon ame étonnée De tout ce grand pouvoir fe vit abandonnée :

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