Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/137

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Je vous avois promis que l'effort de mon bras
M'approcheroit bien-tot de vos divins appas ;
Mais, dans ce même temps, souvenez-vous, Madame,
Quc vous me promettiez quelque place en votre ame.
Je suis venu. L'amour a combattu pour moi.
La victoire elle-même a dégagé ma foi.
Tout cède autour de vous. C'est à vous de vous rendre ;
Votre coeur l'a promis, voudra-t-il s'en défendre ?
Et lui seul pourroit-il échapper aujourd'hui
A l'ardeur d'un vainqueur qui ne cherche que lui ?

CLÉOFILE.

Non, je ne prétends pas que ce cœur inflexible
Garde seul contre vous le titre d'invincible.
Je rends ce que je dois à l'éclat des vertus
Qui tiennent sous vos pieds cent peuples abattus.
Les Indiens domtés font vos moindres ouvrages ;
Vous inspirez la crainte aux plus fermes courages ;
Et, quand vous le voudrez, vos bontés, à leur tour,
Dans les cœurs les plus durs inspireront l'amour.
Mais, Seigneur, cet éclat, ces victoires, ces charmes,
Me troublent bien souvent par de justes allarmes.
Je crains, que satisfait d'avoir conquis un cœur,
Vous ne l'abandonniez à sa triste langueur ;
Qu'insensible à l'ardeur que vous aurez causée,
Votre ame ne dédaigne une conquête aisée.
On attend peu d'amour d'un héros tel que vous ;
La gloire fit toujours vos transports les plus doux ;
Et peut-être, au moment que ce grand cœur soupire ,
La gloire de me vaincre est tout ce qu'il désire.

ALEXANDRE.

luz vous connoiflcz mal les violens délirs
)*an amour, qui vers vous porte tous mes (bupirsî
'avouerai qu'autrefois , au milieu d'une armée,
•loa cœur ne foupiroi: que pour la Renommée.
" '" 3c les rois, devenus mes fujets,
sa mes vœux d'affez dignes objets.
^ de la Pcrfe à mes yeux préfentées, *
iuifi-bien que fc$ rois, ont paru furmontécs.