le vouloir ? Hé quoi ? c’est donc moi qui l’ordonne ?
Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ? Ce prince, dont mon cœur se faisait autrefois Avec tant de plaisir redire les exploits, À qui même en secret je m’étais destinée Avant qu’on eût conclu ce fatal hyménée, Je n’ai donc traversé tant de mers, tant d’Etats, Que pour venir si loin préparer son trépas ? L’assassiner ? le perdre ? Ah ! devant qu’il expire…
Scène II
Hermione, Cléone
Ah ! qu’ai-je fait, Cléone ? et que viens-tu me dire ? Que fait Pyrrhus ?
Il est au comble de ses vœux,
Le plus fier des mortels, et le plus amoureux. Je l’ai vu vers le temple, où son hymen s’apprête, Mener en conquérant sa nouvelle conquête, Et d’un oeil où brillaient sa joie et son espoir, S’enivrer en marchant du plaisir de la voir. Andromaque, au travers de mille cris de joie, Porte jusqu’aux autels le souvenir de Troie. Incapable toujours d’aimer et de haïr, Sans joie et sans murmure elle semble obéir.
Et l’ingrat ? jusqu’au bout il a poussé l’outrage ? Mais as-tu bien, Cléone, observé son visage ? Goûte-t-il des plaisirs tranquilles et parfaits ? N’a-t-il point détourné ses yeux vers le palais ? Dis-moi, ne t’es-tu point présentée à sa vue ? L’ingrat a-t-il rougi lorsqu’il t’a reconnue ?