Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/160

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zji M ITH R I D AT E,

XlPHARÉS.

Non , je ne prétends point , cher Arbace , à ce prix ,

D'un malheureux empire acheter le débris.

Je fais en lui des ans rcfpefter l'avantage ;

Et content des états marqués pour mon partage.

Je verrai , fans regret, tomber entre fes mains

Tout ce que lui promet l'amitié des Romains.

A R B A T E.

L'amitié des Romains ? Le fils de Mithridate , Seigneur ? Eft-il bien vrai ?

XlPHARÉS.

N'en doute point, Arbare. Pharnace, dès long-temps, tout Romain dans le cœur. Attend tout maintenant de Rome & du vainqueur. Et moi , plus que jamais à mon père fidèle , Je conferve aux Romains une haine immortelle. Cependant & ma haine & fes prétentions Sont les moindres fujets de nos divifîons.

A R B A T E.

Et quel autre intérêt contre lui vous anime ?

XlPHARÉS.

Je m*en vais t'éconner. Cette belle Monime ,

Qui du roi notre père attira tous les vœux ,

Dont Pharnace , après lui , fe déclare amoureux . . .

A R B A T E.

Hé bien , Seigneur !

XlPHARÉS.

Je l'aime , & ne veux plus m'en taire , Puifqu'cnfin^pour rival je n'ai plus que mon frère. Tu ne t'attendois pas, fans doute , à ce difcours. Mais ce n'eft point , Arbate , un fecret de deux jours. Cet amour s'eft long-temps accru dans le filence , Que n'en puis-je à tes yeux marquer la violence , Et mes premiers foupirs , & mes derniers ennuis I Mais , en l'état funefte où nous fanâmes réduits , Ce n'eft guère le temps d'occuper ma mémoire A rappeller le cours d'un araoureufe hiftoire.

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